Nous vous présentons l’interview faite avec Brice Potiron, un ancien étudiant du Master Amériques.
Cette interview a été réalisée en février 2025.
Est-ce que vous pouvez vous présenter et nous raconter brièvement votre parcours scolaire et professionnel ?
“Bonjour, je m’appelle Brice Potiron. J’ai obtenu un BAC ES, économique et social, au lycée Camille Claudel à Blains en Loire Atlantique. Par la suite, je me suis orienté vers une fac de géographie et aménagement du territoire à l’université de Nantes. Donc j’ai fait mes deux premières années à l’université de Nantes, puis j’ai postulé pour un Erasmus. J’ai été accepté à Séville, en Espagne. Donc j’ai fait ma licence 3 à l’université Pablo de Olavide, en Espagne.
Comme le système espagnol est un peu différent, c’était pas exactement les mêmes matières qu’en France…. En fait je devais prendre des matières à la fois dans la fac d’histoire et géographie ; parce qu’en Espagne c’est histoire-géographie, et des matières dans la fac de sciences de l’environnement, pour avoir un équivalent à la formation en France de géographie et aménagement du territoire.
Donc là, j’ai amélioré mon espagnol, parce que les cours étaient en espagnol et j’ai rencontré aussi beaucoup de gens qui venaient d’Amérique latin, du Mexique, de Colombie, d’Argentine, etc. Parce qu’il y avait beaucoup de gens de cette zone géographique qui vivaient en Espagne et c’est une zone géographique qui m’a toujours beaucoup intéressé. J’ai eu beaucoup d’affinité avec eux, donc ça donnait encore plus envie de voyager là-bas.
Donc je me suis dit que j’aimerais bien continuer avec la géographie mais tout en continuant à pratiquer les langues, surtout l’espagnol parce bon… mon niveau d’anglais c’est pas non plus le meilleur des niveaux. Et je voulais aussi axer aussi sur cette région du monde. Un master qui proposait à la fois de continuer à pratiquer l’espagnol, continuer à avoir de la géographie. Et c’est là donc, que je suis entré dans le Master Amériques à Rennes.
C’était un master qui me semblait intéressant parce qu’au départ il y avait de la géographie, mais c’était aussi pluridisciplinaire, centré sur le continent américain. Et il y avait aussi une option qui proposait de faire un stage en master 2, au deuxième semestre, dans un pays du continent américain. Et moi le Mexique c’était vraiment un pays que je voulais découvrir ! Donc c’est pour ça que j’ai postulé et j’ai été accepté.
Malheureusement il y a eu le covid, donc on a fait le master 1 mais c’était pas toujours simple parce qu’au début on était des fois en présentiel des fois en ligne. Et après le master 2, avec le covid ils nous ont dit qu’on pouvait pas partir en Amérique latine faire notre stage. Donc il fallait qu’on trouve un stage en rapport avec l’Amérique latine qu’on pouvait trouver en France ou dans l’Union européenne. Et moi, bon, comme j’avais déjà vécu à Séville, je me suis dit pourquoi pas retourner à Séville et continuer à pratiquer encore plus mon espagnol. Et j’ai trouvé à Séville une petite association qui s’appelle “vilesur”, elle monte des micros projets de développement en Amérique latine et en Afrique donc ça correspondait avec le master. J’avais pu demander pour centrer mon stage uniquement sur l’Amérique latine.
Concrètement, pendant ce stage j’ai participé à la communication de l’association en faisant des “affiches” pour récolter des dons sur les projets que l’on faisait. J’ai également participé au suivi du budget pour mettre en place les micros projets en Amériques latine.
Comme c’était une petite association et qu’elle n’avait pas énormément de fonds, je faisais des recherches sur les institutions publiques et privées qui proposaient de donner de l’argent à une association. Mais plusieurs associations candidataient pour recevoir des subventions. C’était donc les institutions qui sélectionnaient le meilleur projet et offraient une quantité d’argent pour la réalisation du projet. Donc moi je m’occupais des candidatures et j’expliquais en quoi consistait le projet et le budget qu’on comptait mettre en place et selon les candidatures ils acceptaient ou non de nous donner des fonds.
Quand j’habitais à Séville, j’avais des amis espagnols qui étudiaient “traduction et interprétation du français” et je leur donnais des petits cours de français de temps en temps car ils voulaient s’améliorer et j’appréciais l’enseignement. Je me suis donc dit : pourquoi pas après le master m’orienter vers l’enseignement du français. Pendant le master j’avais postulé pour être assistant de français au Mexique. C’était pas vraiment donner des cours de français, mais plutôt assister les professeurs dans des établissements pour avoir un peu plus d’expérience. J’étais donc au Mexique d’octobre 2021 jusqu’en mai 2022 en tant qu’assistant de langue.
L’enseignement du français ça me plaisait et c’était vraiment quelque chose qui me plaisait. Je voyais les professeurs enseigner le français aux Mexicains et je les assistais, c’était vraiment quelque chose qui m’intéressait !
Donc par la suite, j’ai voulu rester un petit peu au Mexique et j’ai vu une offre de stage d’assistant de coordinateur pédagogique à l’Alliance française de Zacatecas, au Mexique, et j’ai postulé. C’était à la fois le côté administratif; assister le coordinateur pédagogique, l’organisation des emplois du temps des professeurs et la gestion plus globale des professeurs. Mais dans ce stage il y avait aussi l’enseignement du français langue étrangère à des élèves et la formation des professeurs pour qu’ils s’améliorent en français.
Ça m’avait vraiment plu, mais comme c’était un stage qui n’était pas vraiment payé (j’avais juste un petit complément de salaire mais ce n’était pas grand chose), ça ne me permettait pas de vivre.
Je suis donc rentré en France et pendant un an j’ai travaillé dans une mutuelle rattachée à Groupama. C’est l’assistance automobile. Quand les assurés ont un problème avec leur véhicule, ils nous contactent et nous on doit mettre en place les prestations pour les aider et les rapatrier chez eux ; mettre en place un véhicule de remplacement ; prendre en charge un hôtel si besoin. Dans cette entreprise il y a des clients français, mais pas uniquement puisque cette entreprise travaille également avec des assurances espagnoles et anglophones. Donc moi je travaillais presque exclusivement avec les clients hispanophones.
C’était intéressant pour moi parce que je continuais à parler espagnol et j’apprenais un peu comment fonctionnait l’assistance des assurances. Dans mon équipe c’était soit des Français qui avaient vécu en Espagne ou en Amérique latine et des Latinos américains, donc c’était sympa ! On retrouvait le côté “multiculturel” qu’il y avait aussi dans le master, puisque dans ma promotion il y avait des Français, une Colombienne, un Mexicain, donc c’était intéressant ce côté là.
Le métier était intéressant mais je voulais retourner dans l’enseignement et à l’étranger dans n’importe quel pays hispanophone. Et j’ai vu une offre à Aguascalientes et j’ai postulé.
J’ai donc travaillé un an en France et là je suis de retour à Aguascalientes depuis juillet 2024 et je suis actuellement professeur de “français langue étrangère” à l’Alliance française d’Aguascalientes. J’ai donc un visa de un an. Je vais donc voir ce que je fais après mon visa.”
Vous avez une licence de géographie mais est-ce que vous avez fait un métier un petit peu en lien avec la géographie ?
“Non, parce que c’est vrai que j’aime beaucoup la géographie mais j’aime également l’enseignement. Pour le moment j’ai décidé de m’orienter plus vers l’enseignement mais peut-être que plus tard pourquoi pas me réorienter vers un métier en lien avec la géographie. Mais ce qui serait idéal c’est un métier qui touche la géographie mais aussi l’Amérique latine ou l’Espagne.”
Pourquoi avez-vous choisi d’aller au Mexique et pas dans un autre pays d’Amérique latine ?
“Pourquoi le Mexique ? Et bien tout simplement parce qu’en Espagne j’ai surtout eu des amis mexicains et ils m’ont beaucoup parlé de leur pays. C’est aussi un des pays les plus vastes et qui m’intéressait aussi parce que la culture du Sud du Mexique et totalement différente du Nord et du Centre (comme d’autres pays d’Amérique latine également).”
Est-ce que l’anglais vous posez des problèmes pendant le master ?
“Un peu. Mais le bon côté du master c’est qu’il m’a permis de m’améliorer en anglais. Mais c’est vrai que toutes les matières qui touchaient à l’histoire des Etats-Unis et les Etats-Unis en général, il y avait des matières qui m’intéressaient moins. Mais c’était quand même intéressant et je me rends compte aujourd’hui, en vivant au Mexique, que l’Amérique du Nord; si on considère que le Mexique fait partie aussi de l’Amérique du Nord, les pays d’Amérique du Nord sont très liés : le Canada, le Mexique et les Etats-Unis. D’ailleurs, si on suit la politique actuelle de Donald Trump, les taxes qu’il veut mettre en place pour le Mexique vont à la fois impacter son pays mais aussi le Mexique. Parce que l’économie du Mexique est très liée à celle des Etats-Unis.”
Est-ce que vous vous voyez continuer en tant que professeur ?
“Pourquoi pas continuer encore un peu mais pour moi je pense que ce serait plus intéressant de me spécialiser, toujours dans l’enseignement, mais plus dans un métier lié à la coopération. Par exemple, la coopération universitaire…pourquoi pas entre le Mexique ou un pays d’Amérique latine et la France. Travailler dans des projets de coopérations éducatifs.”
Est-ce que vous avez une petite anecdote à partager à propos de vos années de master ?
“Ce qui m’a marqué quand je suis arrivé dans le master c’est que je pensais que tous les élèves allaient être français et je me suis rendu compte que pas du tout ! Il y avait une Mexicaine, une ou deux Colombiennes, un Chilien. C’est intéressant pour le côté multiculturel parce qu’on à ce paramètre à la fois dans le master mais aussi dans la classe.
Finalement ça nous permet même en dehors du master, pendant les sorties, d’être toujours un peu confronté à ce côté multiculturel qu’on retrouve dans le master.”
Quelles sont les matières que vous avez le plus appréciées pendant le master ?
“Les matières de géographies étaient celles qui me plaisaient le plus ; après c’était ma spécialité. Je ne me souviens plus exactement du nom des matières mais c’était celles en lien avec la géographie.”
Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a dit que vous deviez réaliser votre stage en France ou en Europe à cause du Covid-19 ?
“C’était vraiment une déception, je voulais vraiment réaliser mon stage dans un pays d’Amérique latine, de préférence au Mexique. Mais avec le Covid, la France n’a pas autorisé le départ sur un autre continent, on pouvait donc le faire qu’en Europe. Mais bon ! J’étais content dans un sens où j’ai pu aussi le faire à l’étranger, en Espagne à Séville.”
Quand vous avez postulé pour le master est-ce que vous aviez déjà une idée de votre futur métier ?
“Non, je n’en avais aucune idée. Je n’avais pas d’idée concrète en tête d’un futur métier.”
Vous ne vouliez pas faire un métier en lien avec la géographie ?
“Si, mais je n’avais pas un métier concret en tête parce que la géographie c’est vaste. On peut faire professeur d’aménagement du territoire ; d’histoire géographie ; de géographie ; de géopolitique. La géographie ça touche aussi les relations internationales finalement.”
Est-ce que vous pensez que c’est compliqué pour les étudiants Français d’aller dans un pays étranger, de s’installer et de trouver un travail ?
“Ça dépend. C’est compliqué. Aller au Mexique pour le visa, pour les démarches c’est comme je pense pour les autres pays, il faut envoyer plusieurs papiers. C’est un peu long. Il faut aussi se déplacer sur Paris, ou dans mon cas, jusqu’à Madrid puisqu’il n’y avait plus de place à Paris.
Mais une fois qu’on a le visa, si on maîtrise l’espagnol c’est pas forcément compliqué de trouver un travail parce qu’on recrute toujours (dans les restaurants par exemple). Après est-ce que c’est bien rémunéré ? C’est une autre question. Parce qu’au Mexique par exemple, les salaires ne sont pas les mêmes et il y a beaucoup de travails mal rémunérés.
Mais si vous y allez avec des économies et l’idée de travailler, vous pouvez trouver un travail qui sera peut-être pas très bien rémunéré mais avec des économies vous pouvez survivre. Surtout qu’il y a des endroits au Mexique où c’est bien moins cher qu’en France. Après cela dépend. Mexico par exemple, comme c’est la capitale des fois le logement peut-être le même qu’en France, surtout dans les quartiers aisés.”
Quel était le thème de votre projet de master ?
“Mon projet de mémoire de Master 1 était sur l’aménagement du territoire de Mexico. Comment la ville est aménagée en fonction des risques actuels parce que Mexico c’est une ville qui est confrontée à des séismes, il y a aussi un volcan pas très loin et des inondations parce que, anciennement, Mexico était un lac.
J’avais commencé mon mémoire dessus et je devais me rendre à Mexico pour continuer mes recherches. Mais finalement avec le covid c’était pas possible et j’ai dû totalement changer mes recherches de Master 1. J’ai donc fait un mémoire sur l’association de Séville.”
Nous remercions Brice Potiron de nous avoir accordé du temps pour faire cette interview.
Nous espérons que son témoignage vous aura éclairé sur le Master Amériques et ses débouchés !
Salma Chaoui, Kadra Djaanfar, Noémie Pitou