Ressources numériques en sciences humaines et sociales OpenEdition Nos plateformes OpenEdition Books OpenEdition Journals Hypothèses Calenda Bibliothèques OpenEdition Freemium Suivez-nous

Kêlig Mafoula

 

Nous vous proposons, par cette interview, de revenir sur l’expérience de Kêlig Mafoula au sein du Master Amériques. Bien que cela remonte déjà à une quinzaine d’années, son témoignage n’en reste pas moins important car il permet de montrer toute la diversité des personnes qui peuvent entrer dans le Master; ainsi que les débouchés possibles après le Master.

 

Est-ce que vous pouvez vous présenter ? 

“Je suis Kelig Mafoula. Je travaille à l’université de Rennes 2 à la direction des relations internationales, DIR. J’étais étudiant du Master Amériques en 2008, ça fait une quinzaine d’années. Je travaille ici aux relations internationales depuis dix ans ininterrompus, c’est ma onzième année.”

 

Quelle a été votre formation avant le Master ? 

“Alors je vais tout faire, ça permettra de voir que le parcours est très hétérogène, pas homogène du tout. Moi je trouve ça intéressant parce que ça montre aussi qu’il n’y a pas besoin d’être forcément cohérent dans ce qu’on fait pour qu’à la fin ça donne quelque chose, moi c’est ce que je dis toujours.

J’ai fait un Bac Scientifique, vraiment rien à voir. Maths, physique-chimie, bio, S.V.T.. Après, une licence LEA à Rennes 2 pendant trois ans. Ensuite Master Amériques que je fais en 3 ans, parce que j’avais déjà le projet de partir au Brésil depuis ma première année de licence. J’étais vraiment tombé amoureux de la langue portugaise de norme brésilienne en première année de licence. J’ai fait portugais au lycée ; portugais du Portugal ; que j’adorais. Là, je m’étais dit qu’il fallait que je parte au Brésil. Donc trois ans de licence LEA où ça me semblait difficile de partir. Je remettais ce projet au lendemain. 

J’en suis arrivé au Master Amériques avec comme idée de faire finalement les 2 ans de Master et de partir comme troisième année à l’étranger dans le cadre du Master, parce que le Master 2 il n’y a qu’un semestre de cours et le deuxième est dédié à la recherche ou au stage. 

Je suis parti au bout d’un an et demi de Master et je suis revenu au bout de deux ans et demi, après avoir passé un an au Brésil et j’ai passé le reste du semestre à écrire le mémoire. 

Pour reprendre : licence LEA, Master Amériques. Ensuite, je me disais que j’aimerais bien enseigner le portugais ou faire quelque chose en lien avec la culture brésilienne, la langue, l’histoire, je sais pas. J’aurais bien aimé enseigner à ce moment, donc je me disais “il faut quand même que j’ai une licence de portugais, si je veux faire quelque chose là-dedans il faut la licence”. Donc je suis allé en troisième année de licence par validation d’acquis et je l’ai validée. En sachant qu’au Brésil je faisais quelque chose qui n’avait rien à voir avec ce que je faisais ici, c’était un master de politiques publiques. 

Puisque je suis aussi clair que mon parcours je vais répéter : licence LEA; Master Amériques; une année de Master Politiques publiques au Brésil et en revenant une année de licence 3 de LLCER Portugais. 

Voilà, c’est ça mon parcours. C’est bizarre mais j’ai fini par la licence finalement.”

Est-ce que ce parcours vous a aidé à savoir ce que vous vouliez faire plus tard ? 

“Exactement. C’est clairement pour moi ; la leçon, la morale de l’histoire. 

Ce qui est très dur je trouve quand on est étudiant de Master c’est qu’on attend de nous qu’on sache de mieux en mieux ce qu’on va faire. Et si on en est pas encore certain, ce qui est quand même assez souvent le cas quand on est dans des Masters de recherche… on se cherche aussi nous-même quoi. Je trouve que c’est très difficile d’être dans le flou, alors que finalement ; entre gros guillemets bien sûr ; tout fini par s’arranger pour tout le monde à la fin. On fera tous quelque chose ! Il faut juste accepter de pas avoir forcément de vocation comme ceux qui veulent être pompier; médecin ou policier. 

La morale c’est que c’est en touchant un petit peu à tout qu’on finit par se découvrir soi-même. Pour savoir où faut aller, il faut d’abord apprendre à se connaître d’abord dans tous les cas. Plus vous vous connaîtrez vous-même, plus vous aurez de chance de savoir où vous voulez aller. Et ça ! Ça a été clairement ce que j’ai pu constater avec mon parcours, où clairement, j’avais pas la moindre idée de ce que je voulais faire. Mais vraiment pas du tout ! Passer d’un BAC scientifique à une licence de LEA… clairement déjà y a un souci !  Moi, 90% de ma classe sont partis dans des filières scientifiques : médecine, fac de bio, fac de maths. On était peut-être 10% à avoir un petit peu changé…même pas…parce que j’étais dans un lycée très scientifique. 

LEA ça m’a en fait confirmé que j’étais pas fait pour travailler dans un but lucratif. Parce que c’est quand même un peu ça, la licence LEA. Il y a le parcours soit commerce international, soit traduction. Moi la traduction c’était pas mon truc, donc tout de suite je me dirige en commerce international. L’idée du voyage, tout ce qui est international, c’est un peu intéressant pour des étudiants de Cultures Langues Étrangères comme nous. On rencontrait aussi quelques étudiants étrangers qui me fascinaient, moi j’adorais ça !  

Mais y a économie, commerce, entreprise… c’était pas fait pour moi. 

On se découvre et je me dis… bon bah… Master dans tous les cas ! Ça m’intéresse, j’ai envie de continuer, j’aimais bien les études. 

J’ai continué en Master Amériques. J’ai vraiment beaucoup aimé le Master Amériques ! Franchement j’ai adoré. On est moins nombreux, l’étau se resserre sur des choses que l’on aime vraiment quoi !

Les filières très pluridisciplinaires…on fait des choses qu’on adore et des choses qu’on aime beaucoup moins, un peu comme au lycée. Donc là, hop ! On se rapprochait de choses que j’adorais et même si c’était parfois totalement en dehors de mon sujet de recherche.  

On avait notamment un cours de politiques culturelles urbaines, c’était l’histoire de la musique afro-américaine de Aretha Franklin à nos jours. Un cours absolument fascinant que j’ai adoré !

Chemin faisant j’ai appris à aimer plus ci et à moins aimer cela. On dit aussi que l’université c’est fait pour savoir ce qu’on veut pas faire dans la vie et c’est une grosse blague mais qui est vraie ! On coche des cases, on met des croix, on dit non, ça en fait non, ça en fait non. Et à la fin, il reste un petit nombre de choses et on se dit “Bah pourquoi pas ça”. Pour moi ça a fonctionné comme ça. 

Pour certains de mes amis, ils ont toujours voulu être comme-ci ou comme ça. Ou alors ils ont fait la licence, ils ont adoré et BOOM dès la licence ils ont cherché un job après et ça l’a fait pour eux. 

Voilà, moi je ne suis pas comme ça. 

Ce parcours très hétéroclite m’a beaucoup aidé à être là où je suis actuellement et franchement tout va bien !”

Comment est-ce que vous avez découvert le Master, ou qu’est-ce qui vous a donné envie de vous inscrire ? 

“Franchement c’est une très bonne question…je ne me souviens pas ! Après je suis vieux aussi ! Ça fait longtemps !

Je pense que c’est clairement quelqu’un…parce que j’avais aussi ce truc d’être très mauvais en prise d’informations. Du lycée jusqu’au monde du travail j’ai toujours été nul en prise d’infos. Chercher pour savoir ce que je veux faire, où je veux aller ; aussi justement parce que je ne me connaissais sûrement peut-être  pas assez bien. Ma propre inscription en LEA c’est pas moi qui l’ai faite, c’est une copine parce qu’on était chez elle et que moi je ne connaissais pas les ordinateurs, internet. J’ai eu un ordinateur qu’en licence. Enfin bref !

Je pense que c’est par quelqu’un que j’ai eu vent du Master. Probablement un enseignant, parce que de mémoire je ne connaissais pas d’étudiants en Master Amériques, donc c’est probablement un enseignant qui m’en a parlé et j’imagine plutôt un enseignant du monde lusophone ou hispanophone. Parce qu’à l’époque, le Master était vraiment tourné vers l’Amérique latine, Amérique du Sud, plutôt qu’Amérique du Nord. 

Donc peut-être que ma directrice de recherche Rita Godet, qui était professeure de portugais qui était ensuite directrice du département de portugais. Peut-être que c’est elle. Mais en licence de LEA je ne la connaissais pas donc…

Je ne saurais pas vous dire ! Mais peut-être un professeur d’espagnol, parce que je me souviens que ce qui m’avait été annoncé c’était qu’on devait faire un entretien de sélection trilingue, parce qu’on nous demandait d’être trilingue minimum pour accéder au Master. 

Je crois qu’ils ont revu leur copie à la baisse.

Moi j’étais nul à peu près en tout sauf en langues, donc ça m’allait très bien. C’est le seul truc que je pouvais faire parce que j’étais bon dans les trois langues. Mon père est résident américain, j’avais déjà fait un projet humanitaire au Brésil et j’adorais l’espagnol. Donc je me suis dit: “Bah il est pour moi ce master” ! Faut aimer ces trois langues là. Amérique latine, j’adore ! J’en rêve ! Allons-y ! C’est un peu comme ça que ça s’est passé. Par contre la personne précisément je ne saurais pas vous dire malheureusement. 

Ça répond quand même partiellement à la question. C’était pas sur internet. C’était pas par un ami qui lui même à fait le Master. Donc, par déduction, je pense que c’était un enseignant.”

Est-ce que le Master a répondu à vos attentes au niveau des cours ? Est-ce que vous avez eu des surprises ? 

“Ouais ! en fait des bonnes surprises !

Ce que j’ai découvert c’est un système qui franchement m’allait complètement ! Étonnamment, parce que… bah à l’université comme je disais… j’ai beaucoup aimé LEA, mais y a aussi tout un tas de cours qui ne me correspondaient pas. Et là ! On avait la possibilité de une, de choisir son sujet de recherche, donc en théorie c’est censé vous convenir, plus ou moins. Et de deux, on pouvait choisir ses cours. Donc c’était pas comme les filières de licences où, à l’époque, on y allait on choisissait un petit peu par exemple la LV2 ou la LV3. Mais on choisissait pas si on allait plutôt faire de l’économie ou du commerce ou plutôt de la comptabilité et ou je sais pas quoi… 

Là par contre ! Il y avait plusieurs cours qui étaient mutualisés pour plusieurs Masters, notamment je pense à des Masters du monde anglophone. C’est peut-être là que je me suis retrouvé en Politiques culturelles urbaines avec le cours de “Musiques afro-américaines”; qui donc ça ! Etait une bonne surprise ! Clairement ! Ça a été ma surprise, littéralement, du Master qui m’a presque influencée à choisir ça comme sujet de mémoire. 

Finalement en parlant à des enseignants, eux voulaient plus que je m’intéresse au côté Amérique du Sud parce que j’avais de la famille en Amérique du Nord et que ça m’enrichirait plus d’aller vers le Sud. Ce qui était vrai en ce qui me concerne ! Ça n’ aurait pas été bien comme conseil pour d’autres. Moi ça a carrément marché parce que j’étais fan du Brésil. 

Mais donc, ça a été une bonne surprise le contenu des cours aussi. La possibilité de les choisir, ce que je trouvais incroyable ! Très américain dans le fonctionnement et le contenu. On étudiait l’histoire du continent, mais différemment. Moi je suis passionné par l’histoire de ce continent là. Même l’histoire des civilisations tout court. On peut me parler de ça pendant des heures, que ce soit l’Asie du Sud-Est, l’Afrique Subsaharienne, peu importe ! Ça m’intéresse !

Donc j’ai beaucoup aimé ça, vraiment ! La culture, l’histoire, on n’avait plus de cours de langue parce qu’on était censé justement maîtriser suffisamment bien les langues. Mais des cours donnés DANS la langue. Et ça aussi j’ai adoré ! C’est pas facile au début parce que quand on sort de licence c’est un peu corsé. Mais par contre c’est une bonne épreuve du feu. Clairement ! C’est comme ça qu’on apprend au début. 

N’importe qui dans la classe était cinq fois meilleur que moi, dix fois meilleur que moi. Sans exagération ! Ce n’est pas de la fausse modestie ! J’étais nul. Voilà. C’est tout. Faut le dire ! Parfois on est bon, parfois on est nul. Alors là, parlait portugais, moi j’ai eu 18 au Bac, l’examinatrice m’a demandé si j’étais portugais ou d’origine lusophone d’Afrique. Je lui ai dit “Non, non, j’adore juste le portugais”. Non je suis bon ! Par contre le contenu des cours, tout ça, c’était autre chose !

Mais donc, ouais ! Très bonne surprise ce Master, sur lequel je suis tombé dessus par hasard, sans exactement me souvenir comment. J’y vais je ne sais pas exactement de quoi ça va être fait entre guillemets. Entretien avec trois enseignants. Ce que je trouvais très impressionnant à l’époque ! Première sélection que je faisais. L’un te parle anglais, puis espagnol, puis portugais. Puis tu commences les cours et puis il y avait un Brésilien ; une Nicaraguayenne ; une Française passionnée par Cuba ; il y avait plein de choses ! C’était magnifique quoi ! Exactement ce que j’adorais !

Donc j’ai envie de dire presque que des bonnes surprises, pour quelqu’un comme moi qui était très désorganisé et qui ne savait pas où il voulait aller. Parce que, celui qu’a envie d’un truc parfaitement carré, une formation où à la fin on te dit “tu vas faire ça dans la vie”; là c’est plus compliqué le Master Amériques je pense. 

Mais pour une personnalité comme la mienne, c’était idéal.”

Avez-vous tout de même un point négatif à dire sur le Master ? Ou quelque chose qui pourrait être amélioré selon vous ?

“Si j’essaie de prendre du recul et d’être objectif, c’est peut-être… le manque de compréhension… Je pense que ce n’est pas forcément valable au même titre qu’aujourd’hui parce que c’était quand même y a 15 ans !

Mais, le manque de compréhension globale de la structure du Master. En fait, dès la première année de licence LEA, on comprend exactement comment ça fonctionne. T’as deux langues, y a un semestre qui est plutôt dédié à une langue, l’autre qui est plutôt dédié à l’autre. Plus tu avances dans ta licence, plus tu te rapprocheras de l’économie ou du commerce ou de toutes ces notions là. Il y aura des cours de traduction… On comprend assez vite comment est structurée la licence, les cours, etc. 

Sincèrement, je suis arrivé en Master Amériques, je n’avais pas la moindre idée de ce que ce serait. Et en fait, à chaque semestre c’était un peu la découverte de “à quelle sauce on va être mangé ?”. 

Si j’ai bien compris, y en a encore qui ressentent ça aujourd’hui ; car à force d’intervenir dans le Master Amériques je parle avec les étudiants qui me font leur retour ; et j’ai l’impression qui reste beaucoup de ça chez certains ou pas mal d’entre eux. 

Donc je pense que ça, ça peut être un point négatif si on peut dire. Je ne sais pas si on peut même l’appeler comme ça. Donc, la lisibilité, la compréhension de la structure. 

Peut-être que, avec le recul, ce que j’aurais aimé c’est, dès le début, savoir exactement ce que c’est un mémoire. Comment ça fonctionne. La recherche. L’écriture du mémoire. Comment ça fonctionne tout ça en fait ! Après, je ne sais même pas si ça serait une bonne idée. Parce que peut-être que c’est trop tôt et qu’il faut se concentrer sur autre chose à ce moment-là. Mais, je trouve que ça fait peur le mémoire, en fait, quand on est en Master 1 et qu’on ne sait pas et qu’on a jamais fait ça de sa vie ! Moi je trouve que ça fait peur. Et même en Master 2 d’ailleurs. Donc si on peut déjà commencer à appréhender la chose dès le Master 1…bah on sait qu’il nous reste plus d’un an pour bien préparer le truc avant de commencer à l’écrire. Peut-être que ça allègerait un petit peu ce poids là. A voir. 

Après éventuellement, ce serait bien d’avoir un réseau clair d’Alumni, c’est pour ça que ce que vous faîtes là maintenant c’est très important pour moi. Ca, ça aide les gens à faire leur choix quand ils choisissent le Master, déjà, et ça les aide aussi ensuite parce que quand on est en licence 3 on sait pas forcément que certaines choses existent, comme le service des relations internationales. 

Je crois qu’il y avait aussi un service ici à Rennes 2 au deuxième étage de ce bâtiment là, l’observatoire, qui se chargeait justement de retracer le parcours des anciens étudiants de Rennes 2 et ça je pense que c’est essentiel avant et pendant le master, parce qu’avant une fois de plus ça peut t’aider à te dire: “Aller…bon…ouais ça peut éventuellement me correspondre, je vais aller dans ce master et on va voir”. 

Une fois que tu y es et que tu commences à réfléchir à la chose ; quand j’étais dans le master en octobre novembre je voyais qu’il y en avait qui, comme moi, étaient partagés entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Alors quand ils finissent par choisir, ça change tout. Déjà la langue, la culture, le budget parce que moi aussi ça aussi ça jouait. Aux Etats-Unis ça veut dire fort budget x2, x3, par rapport à pas mal d’autres pays d’Amérique du Sud et ensuite il faut choisir son sujet, et ensuite faut choisir ce qu’il se passe après. Donc là, c’est à ce moment là (parce que ça peut être un début de projet professionnel le mémoire), que ton projet de vie commence à se dessiner. C’est vraiment intéressant aussi de voir ce qu’on fait les autres. Ce qu’ils ont fait de leur parcours avant le master: qu’est ce que tu as fait avant ? Est ce que c’est ça qui t’a amené au master ? Ou est ce que c’est parce que ça te correspondait pas et donc t’es allé dans ce master là qui te correspondait plus ? Et si vous avez ça pour un certain nombre d’étudiants qui en théorie travaillent maintenant comme moi qui ont fait le master il y a 15 ans, ça va commencer à tisser une toile et rendre le truc un peu plus clair. C’est-à-dire, voilà le master Amériques qui destine plus ou moins fortement les gens à aller dans cette direction, celle-ci ou celle-là. Et on voit que le master ALPI ils vont beaucoup vers le commerce international. Le master Amérique peut être qu’il y a plus de gens dans l’administration, dans l’enseignement ou même qui vivent à l’étranger parmi les débouchés possibles. Donc on peut afficher sur un site internet ou sur les réseaux sociaux quels sont les débouchés éventuels d’un master. 

Je pense que le truc parallèle ou même l’étape d’après, c’est de factuellement savoir ce qu’on fait (ceux qui sont passés par le master). Donc ça ! Moi j’avais aucune idée de tout ça à ce moment là (en bonne partie par ma faute). Je pense quand même qu’à l’époque il n’y avait pas beaucoup d’info, il faut le dire aussi, et on était dans les premiers car le master venait de commencer donc il n’y avait pas de possibilité de retour sur ce qu’ont fait les autres. Mais j’espère que maintenant c’est un peu plus le cas et que ça le sera, parce que je pense que ça c’est une vraie prise d’amélioration, ça aide vachement. 

Tu te dis “on en a 5 de la promo 2016-2017 qui travaillent à l’étranger sur 12, ou il y en a qu’un ou il y en a 0 et il y en a sur les 12, 3 qui travaillent en administration, 2 qui sont encore plus ou moins dans un doctorat ou ils font une thèse, 1 ou 2 qui enseignent au lycée ou en école primaire” et tu te dis “ah bah je n’ai pas pensé à prof des écoles, c’est vrai c’est pas mal ça et peut être que je pourrais faire valoir aussi le fait d’être bilingue en espagnol” et c’est comme ça qu’il y a des choses qui viennent aussi. Parce que s’orienter c’est bien marrant mais le salon au parc expo “12 000 métiers sont présentés”. Wow c’est génial ! Mais je vais où ? Et là ! ça peut aider à s’ouvrir à un truc un peu plus restreint ou vous aurez une palette. 

Je pense que si on étudie ce que font ceux des 15 dernières années du master les Amériques, tu as peut être entre 10 et 20 gros corps de métier, et ça pourrait beaucoup aider. Mais ce n’est pas évident parce qu’il faut recontacter les gens, il faut qu’ils soient disposés aussi à aider un peu et à prendre un peu de leur temps parce que là pendant que je vous parle j’ai plein de trucs à faire. Mais je pense qu’il faut le faire parce que si j’étais à votre place j’en aurais également besoin.

Votre démarche est très bonne et importante pour ceux de votre filière actuellement et pour ceux qui vont suivre et ils ne s’en rendront peut-être pas compte, mais il faudrait qu’ils vous disent merci.”

Est-ce que le master vous a apporté quelque chose d’important dans votre vie professionnelle ? 

“C’est très facile. Pour moi c’est hyper facile parce que je travaille dans l’international et tous les jours avec plusieurs langues donc oui ! En plus, si vous étiez venues il y a 7-8 ans je ne m’occupais pas encore de l’Amérique latine, maintenant c’est le cas. 

Je n’ai pas précisé exactement ce que je faisais mais je m’occupe particulièrement du hors Europe, donc Amérique du Sud, Amérique du Nord et Asie. J’ai commencé par l’Amérique du Sud justement, ça veut dire que tu peux communiquer avec tout un continent dans leur langue. Ce qui facilite énormément de choses, énormément de procédures. Tu gagnes du temps, tu gagnes de l’énergie et tu leur fait gagner de l’énergie.

S’il y a un éventuel début de conflit à démêler, tout le monde est plus à même d’y mettre du sien quand tu fais un pas vers lui, donc là, dès qu’il y a un truc tu peux écrire à tous nos partenaires brésiliens en portugais, à tous nos partenaires hispanophones en espagnol. J’ai vu la différence parce que quand je suis arrivé sur place au tout début c’était pas trop comme ça qu’on faisait les choses. C’était de l’anglais, c’est la langue universelle, on parle qu’en anglais. Et tu vois au bout de quelques années que quand tu écris à tes partenaires latinos en anglais parfois tu auras une réponse plus longue à venir mais quand tu commences à leur écrire dans leur langue t’as des réponses dans la journée. Ça a l’air de rien ! Mais le jour où tu as un soucis avec un étudiant qui a un problème de visa, un problème de santé, qui a manqué les délais pour faire ses démarches, que tu écris à ton partenaire que tu connais bien depuis 5-6 ans parce que vous parlez dans sa langue, que tu lui fais une blague à droite à gauche et tu lui dis “écoute là on a un soucis, on est vraiment désolé, je te fais mes plus plates excuses, est-ce qu’il y a encore quelque chose que tu peux faire pour nous aider ?”. Évidemment qu’il fera plus un pas vers toi parce que tu as commencé à lui parler dans sa langue. 

Ça marche aussi avec juste quelques tout-petits mots parce que je suis pas très “fluent” en japonais, mais même une phrase ou quelques mots, tu suscites l’attention. Et la personne te met dans une case différente dans sa tête, immédiatement. Le master m’a clairement offert ça. Donc j’ai trois langues qui me permettent de communiquer avec tout un continent, du Canada jusqu’à l’Argentine. Il n’y a aucun pays dont je ne parle pas la langue et ça c’est fantastique ! Et c’est grâce à ça que je suis dans ce poste là parce que quand on sait que tu maîtrises ces 3 langues là ils se disent “lui il va le faire dans ça, ça t’intéresserait de faire telle tâche ?” C’est pour ça que mes tâches ont évolué au fil des années. 

Quand je suis arrivé ici, j’étais à mi-temps à l’accueil en 2010 et petit à petit tu fais 1 ou 2 trucs en plus, tu passes d’un mi-temps à un temps partiel et tu passes d’un trois quarts de temps à un temps plein et puis tu changes de poste donc ils mettent quelqu’un d’autre à l’accueil. Ta collègue qui s’occupait à l’époque de l’Amérique latine te refile ces tâches là et puis celle qui s’occupait de l’Amérique du Nord te les refile également, puis l’Asie, donc oui on peut dire que c’est le master qui me l’a offert. 

Mais plus globalement, et c’est ce que je dis aux étudiants en octobre/novembre, c’est le fait de partir à l’étranger. Si je devais mettre un élément déclencheur de tout ce qui a suivi ensuite ; parce qu’on dit souvent qu’il y a un avant et un après ; c’est l’avant/après de partir. Quand je suis partie en Master 2, j’ai passé 1 an au Brésil et j’ai vécu dans les Favelas. C’était mon projet pour étudier la guerre des gangs dans les bidonvilles de Rio. 

En tant qu’expérience humaine c’est très costaud mais la simple expérience de vie à l’étranger et le fait d’avoir la possibilité de traverser quasiment toute l’Amérique latine ou du moins une partie conséquente, en sac à dos, tout seul, ça m’a offert une maturité que je n’aurais jamais acquis en restant ici ou alors en je ne sais combien de temps. Mais, jusqu’à maintenant, quand je suis revenu de cette année à l’étranger, je me souviens encore de la phrase que j’ai dite à ma mère le soir de mon retour en France. Je suis arrivé, il était 21h et quelques après 1 an à jamais l’avoir eu au téléphone parce que j’avais pas de téléphone portable, pas d’ordi, rien, je lui envoyais 1 mail par mois donc tu rentres et oui t’as des choses à raconter. Mais, contrairement à ce que je suis maintenant, je ne suis pas trop bavard sur ma vie (là je le fais pour vous et il y a encore des gens qui ne savent pas que j’ai vécu 1 an au Brésil). J’ai dit à ma mère: “En un an, j’ai l’impression d’avoir vécu dix ans de vie”. C’était il y a 15 ans mais ça me reste cette sensation là, où je me suis dit “oui d’accord, clairement cette année de ma vie a été la plus enrichissante que je pouvais imaginer et je ne suis plus la même personne”, limite t’es passé de l’enfance à la vie adulte en 1 an. Et c’est ça ! Ce que m’a apporté le Master parce qu’il y avait tout ce qu’il fallait: le cadre master, le partenariat avec l’université d’accueil qui a fait que j’ai pu quand même m’inscrire dans un cadre particulier (et pas juste partir en mode sac à dos, touriste, auberge de jeunesse, ce qui aurait été très bien), encadrants sérieux qui te fait réfléchir un petit peu à ton avenir, être encadré par un enseignant, un directeur de recherche là-bas et ici et cette vie à l’étranger, et particulièrement où j’étais qui m’a permit d’élargir mon champ de vision d’une manière hallucinante ! Donc c’est impossible pour moi de comparer la personne que j’étais quand je suis rentré en master Amériques et celle que je suis maintenant. Pas juste l’âge mais vraiment ce point de rupture où j’ai fais plus en un an que toutes les années qui ont précédé celle ci et les quelques unes qui ont suivi. Ça m’a quand même mis sur les rails parce qu’après j’ai continué. J’avais un peu ce virus de la découverte, de l’exploration !

Quand je suis revenu j’ai passé 1 an ici à faire l’année de licence en portugais et je faisais des petits jobs. Après cette année-là, je suis reparti à l’étranger puis je suis revenu et j’ai travaillé en relations internationales, puis je suis reparti à l’étranger parce qu’il me fallait toujours ce truc là. C’est vraiment comme un virus !

Puis une fois que tu avances et, en effet, tu commences aussi à te connaître mieux et tu sais ce que tu veux dans ta vie et ce que tu veux pas, les concessions que t’es prêt à faire (parce que ça aussi c’est un critère très important) et ça en effet, c’est le temps et les rencontres qui t’aident vachement ! Ce qu’on a constaté nous, anciens étudiants, c’est que c’est les connaissances, le réseaux, les rencontres qui t’aident énormément aussi à définir ton projet professionnel. C’est ça qu’on ne réalise pas forcément au moment où on est en master. Moi, personnellement, on ne me l’a jamais dit, et maintenant quand je parle suffisamment longtemps comme maintenant je pense toujours à le dire. Parce qu’il y a d’autres étudiants de master COM, master ALPI qui sont venus me poser des questions et je leurs dit: “Tous ceux avec qui vous êtes en master, s’il vous plaît essayez de rester en contact avec un max d’entre eux, et si c’est possible tous, parce qu’il n’y a pas besoin qu’ils soient vos meilleurs amis ou que vous partagiez les mêmes opinions politiques mais tout ce qu’ils font et ce qu’ils ne font pas vous servira. Vous allez partager et vous allez interagir et ça va allumer des petites cases là, dans le cerveau, ou ça va en éteindre. Ça commencera à tracer une idée de chemin dans vos têtes petit à petit (et on ne le réalise pas).” 

On est dans un master de recherche où on est dans nos têtes, on est très individualistes en fait, on se dit “MON sujet de recherche, MON mémoire, MA mobilité à l’étranger” Oui mais ça se fera pas tout seul. Il faut regarder à côté, il faut écouter ce que les gens font, je sais que c’est en écoutant le sujet des autres que j’ai compris ce que je ne voulais absolument pas faire ! Mais quand j’entendais certains parler de leur projet de mémoire sur l’oeuvre littéraire de tel artiste ou tel auteur chilien je me disais: “ok d’accord, bah maintenant je comprends que je déteste la littérature et que ce sera jamais ça, il faut que je m’en éloigne le plus possible”. 

Être conscient de ce qu’il se passe autour, de ce que font les uns et les autres je dirais que c’est le premier ou le deuxième truc le plus important dans la définition du projet professionnel: les autres, le contact, le réseau, parler et comprendre. Donc en soit ça c’est aussi grâce au master, grâce aux rencontres que j’ai fait pendant le master avec des gens très différents les uns des autres aussi. Ca aussi c’est bien c’est que ce master accueille des gens de tous les horizons et ça c’est très utile. On n’est pas tous là à penser la même chose, à faire la même chose et une fois de plus il y en a qui vont se concentrer sur la littérature, d’autres qui vont partir peut être bosser dans une entreprise multinationale, on en sait rien. D’autres qui veulent bosser en ambassade à l’autre bout du monde alors que toi tu as absolument envie de bosser ici dans la fonction publique à Rennes alors que je suis né à Rennes et que ma mère habite à Rennes. 

Quand t’es en contact avec des gens très différents, qui te parlent de choses très différentes, tu ouvres grand les oreilles, les yeux et la bouche parce que t’es émerveillé et tu te dis: “Je veux ça. Ça m’intéresse, ça me fascine” et donc tu fais plein de choses. Le master m’a énormément apporté, je ne m’en rendais pas compte à l’époque mais, par chance, c’était le bon choix de vie pour moi et ça s’est bien goupillé sans aucune logique. Et même maintenant quand tu retraces le truc depuis le bac et que tu te dis “oui celui-là il était paumé”, en fait oui. C’est vrai que je m’en foutais d’être paumé à l’époque, bien que j’ai bien conscience que ce n’est pas drôle cette période. Peut être que j’avais encore un petit peu d’insouciance qui me permettait de m’en foutre et aussi peut être suffisamment de résilience par rapport au fait que la vie c’est pas si simple. Oui, j’aurais bien aimé enseigner ci ou vivre à un tel endroit ou de telle manière mais il y a la réalité des choses qui te rattrape aussi. 

Moi si tu me demandes mon avis réel sur ma vie rêvée ce serait la moitié de mon temps ici et l’autre moitié de mon temps sous les tropiques. Quel format de vie peut t’apporter cela ? Tout en gardant tes amis d’enfance, en voyant ta mère tous les dimanches c’est impossible. J’étais encore chez ma mère avant hier mais l’année dernière j’étais en Tanzanie pour une ou deux semaines. Des fois tu fais des petits compromis, tu essayes de grappiller un peu de toutes les choses que tu aimes mais voilà.”

Comment serait, selon vous, la personne idéale pour le master Amériques ?

“Si j’établis un profil type, je contredis un peu ce que je viens de dire, c’est-à-dire qu’il y a des gens de partout qui sont différents les uns des autres. J’essaye quand même de le faire mais je préfère cette idée que je viens de développer et qui est factuelle. Nous, il n’y avait personne pareille, il y avait plusieurs nationalités et à la fin il n’y a pas deux qui ont fait la même chose donc ça prouve qu’on était tous très différents et, si vous voulez mon avis c’est un peu ça la force du master Amériques. Ca fait un peu perdu parce qu’il n’y a pas de profil type pour ce master mais le chemin bien balisé peut aussi faire chez pas mal de gens qui, au bout de 5 ans sont là à se dire: “qu’est ce que j’ai fait de ma vie ? je me suis complètement planté”. Là, tu peux difficilement dire ça. En fait, c’est un entre-deux où tu ne te diras pas “oh là là j’ai perdu 5 ans de ma vie, je suis foutu, je serais malheureux jusqu’à la fin de ma vie. C’est trop tard, je ne peux pas revenir en arrière” mais tu ne te diras pas non plus “trop facile ! Au bout de ces 5 ans je sais exactement ce que je veux faire et dans deux mois j’aurais mon job pour les 42 années à venir et tout s’enchaîne de manière facile et logique”. Tu seras toujours dans un entre-deux. 

Ce flou-là génère de l’inconfort, mais aussi une ribambelle de possibilités. Ceci étant dit, le profil type je dirais que c’est un ou une étudiant/e qui serait plutôt soit en LLCER d’une langue soit LEA. Donc d’une langue, si je vais vraiment plus loin dans le profil type, LLCER Espagnol par exemple avec une limite option portugais, clairement Amérique du Nord / Amérique du Sud. Qui aime bien quand même la culture, l’histoire, voire la littérature, qui pense faire un mémoire et non pas un stage à l’étranger. Pour moi le stage ça serait plus le profil type d’un étudiant ALPI, Master LEA. 

Je dirais que ce serait plutôt quelqu’un; bon là ça me ressemble; qui serait plutôt destiné à travailler soit dans le public, soit dans l’administration. 

Pour vraiment établir un profil type, je dirais que ce serait carrément quelqu’un qui serait prêt à faire une thèse. Même si dans les faits, je crois pas qu’on soit si nombreux à l’avoir fait. Je pense qu’on était très nombreux à y avoir pensé. Ca a été mon cas, j’avais même commencé à rédiger un projet de thèse avec ma directrice de recherche brésilienne, avant de me rendre compte que tout ce qui se passe dans le monde universitaire c’était pas vraiment fait pour moi.

Mais je pense qu’en effet, ça pourrait correspondre à une idée du profil type Master Amériques. Quelqu’un qui est plus clairement dans la recherche que dans le truc immédiatement professionnalisant, stage etc. Plus Amérique latine que Amérique du Nord, voire thèse et enseignement après. Je dirais ça. 

Et si jamais c’était quelqu’un qui devait vivre à l’étranger, je dirais ambassade ou consulat. 

J’ai fait un petit peu le avant, le pendant et le après !”

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre métier actuel ? 

“C’est la plus petite partie de mon travail, mais on s’occupe des étudiants Erasmus ou autres qui viennent des pays hors Europe et qui sont là en échange. Donc partir grâce à un accord entre deux universités. Donc on est là pour les gérer en partie administrativement : faire leurs inscriptions ; leur carte étudiante ; les aider dans leurs inscriptions en cours ; leur expliquer tout un tas de choses. Et les relevés de notes en fin de semestre. 

Mais la plus grosse partie de mon travail c’est quand même le hors Europe. Donc là je m’occupe de ce qu’on appelle les nominations, c’est-à-dire l’inscription ou la pré-inscription au sein de l’université d’accueil. Que se soit celle du Mississipi aux Etats-Unis, ou beaucoup beaucoup de Japon qui me prend beaucoup de temps, et toute l’Amérique latine. Donc c’est moi qui établit le contact avec la futur université d’accueil, qui leur soumet les documents dont ils ont besoin et dont j’ai la charge et après c’est l’étudiant qui prend le relai pour envoyer le reste. 

Voilà, je dois faire cette veille informatique là. Connaître les démarches pour toutes les universités du monde avec lesquelles on a des accords. Je recense tout : les dates butoirs ; les liens URL ; tous les contacts. Donc au fil des années je me suis créé un méga fichier Excel que j’ai là. Rien que les contacts hors Europe j’en ai peut-être 200, 300.  C’est donc une veille permanente, parce que il n’y a pas d’universités qui ont les mêmes calendriers. Nous on est dans l’hémisphère nord mais dans l’hémisphère sud les saisons sont inversées donc en ce moment c’est l’hiver, c’est horrible mais au Brésil c’est l’été et c’est magnifique ! Donc les vacances sont jamais au même moment ! Donc en fait toute l’année j’ai des mails des universités du monde qui me donnent des infos et qui me demandent des infos. 

Je m’occupe globalement du contact avec les universités partenaires un peu partout dans le monde, ainsi que diverses choses sur nos logiciels comme des bases de données sur Excel ; mobility online ; les relevés de notes ; les contrats d’étude. Voilà, des petites choses comme ça.” 

 

Vous êtes arrivés à la fin de cette interview. Nous espérons que le témoignage de Kêlig Mafoula vous a plu et qu’il vous éclairera sur vos choix !

 

Salma Chaoui, Kadra Djaanfar, Noémie Pitou

Langues et Sociétés. Études pluridisciplinaires, multilingues et interculturelles sur le continent Américain